À la suite d’amendements apportés aux lois fédérales, la rente viagère à paiements variables (RVPV), appelée aussi rente dynamique, apparaîtra sur le marché. Elle sera offerte partout au pays par les promoteurs de régimes de retraite, les assureurs et les institutions financières.

Au Canada, seulement 25 % des travailleurs bénéficient d’un régime de retraite à prestations déterminées (PD), proportion qui diminue d’année en année selon Statistique Canada. Pour toucher un revenu jusqu’à la fin de leurs jours, de nombreux retraités n’ont donc pas le choix de troquer une part importante de leur épargne-retraite contre une rente viagère.

La rente dynamique s’apparente à un régime PD en ce qu’elle génère un revenu régulier. Mais elle permet aussi au participant d’investir une partie de son capital dans le marché boursier. Selon le rendement des actifs sous-jacents, la rente dynamique donne ainsi la chance au participant de toucher des versements plus élevés avec le temps – ce qui n’est pas le cas d’une rente régulière.

« L’intérêt de la rente dynamique est qu’elle offre une option de décaissement semblable à celle d’un régime PD et élimine le risque de survivre à ses économies », déclare Bonnie-Jeanne MacDonald, directrice de la recherche sur la sécurité financière au National Institute on Ageing (NIA) de l'Université métropolitaine de Toronto.

Les rentes dynamiques tirent parti de la mise en commun des actifs des retraités. Le résultat? Ceux-ci paient moins de frais de gestion de placements qu’ils le feraient dans le cas d’un régime d’employeur, ou par l’entremise d’un conseiller dans le cas d’un fonds de revenu viager (FRV) ou d’un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR).

Selon Mme MacDonald, la rente dynamique sera une option attrayante pour les gens qui participent à un régime à cotisations déterminées (CD) et à un REER collectif, les régimes de retraite les plus répandus dans le secteur privé.  

Le NIA et le Global Risk Institute (GRI) ont publié un rapport de recherche (anglais) sur l’efficience des rentes dynamiques comme outils de décaissement. « Le manque d’options abordables et acceptables pour la conversion de l’épargne-retraite en revenu viager mensuel crée un dangereux déséquilibre dans le système de revenu de retraite au pays, peut-on lire dans ce rapport. C’est une préoccupation majeure; cette situation risque d’entraîner un sentiment croissant d’insécurité financière pour une grande partie de la population. » 

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« Malgré le potentiel de la rente dynamique, ce ne sont pas tous les retraités qui peuvent s’en prévaloir, dit Eric Monteiro, vice-président principal, Régimes collectifs de retraite de la Sun Life. Actuellement, en vertu des lois fédérales, seules les personnes participant à certains régimes CD ou régimes de pension agréés collectifs (RPAC) peuvent choisir cette option de décaissement. En effet, compte tenu de la composition de la plupart des régimes CD, seuls quelques-uns sont suffisamment capitalisés pour pouvoir offrir la rente dynamique. »

Toujours selon M. Monteiro, de nombreux promoteurs de régimes ne comptent pas assez de participants pour exploiter une rente dynamique de façon efficiente. Et comme les RPAC ne sont pas très répandus, ils n’ont pas beaucoup de fonds mis en commun, critère essentiel pour qu’une solution dynamique soit avantageuse.

« Il faudrait modifier les lois actuelles pour pouvoir offrir la rente dynamique aux personnes qui participent à un régime CD et à un REER collectif, et même à celles qui n’ont qu’un REER individuel, ajoute Mme MacDonald. En réalité, la rente dynamique devrait être accessible à tous les retraités. »

Ainsi, ces régimes seraient suffisamment capitalisés et offriraient à de nombreux participants de régime au travail une sécurité financière accrue en prévision de leurs vieux jours. De fait, la rente dynamique serait profitable à une majorité de contribuables, car 60 % n’ont même pas de régimes au travail.

« Plus que jamais, poursuit Mme MacDonald, les gens ont besoin de pouvoir compter sur un revenu sûr tout au long de leur retraite. On a tort de croire que plus les gens vieillissent, moins ils ont besoin d’argent. » 

Même s’il est vrai que les gens dépensent généralement moins en vieillissant, on doit s’attendre à ce que le coût des soins aux aînés augmente rapidement. Et les aînés ne peuvent pas toujours compter sur leurs enfants pour ces soins. « Non seulement la génération des baby-boomers est-elle la première à vivre aussi longtemps, dit Mme MacDonald, c’est aussi la première à avoir moins d’enfants. »

Il est donc probable que les baby-boomers bientôt octogénaires devront débourser davantage pour vivre dans des résidences avec assistance ou des établissements de soins de longue durée. Selon une étude prospective (anglais), les coûts des soins de longue durée tripleront d’ici trente ans pour atteindre quelque 71 milliards de dollars. « Ces coûts supplémentaires vont peser lourd dans le portefeuille des retraités », dit Mme MacDonald.

La rente dynamique est une solution viable pour contrer ces coûts croissants. Ce produit n’est pas répandu au Canada, mais n’est pas entièrement nouveau. L’Université de la Colombie-Britannique (UBC) l’offre à ses employés dans le cadre de son régime de retraite depuis la fin des années 1960. Ce modèle a d’ailleurs connu tellement de succès que l’Australie s’en est inspirée pour son régime de retraite public.

« Quelle ironie, tout de même, qu’un autre pays imite le Canada, alors que ce type de rente n’est pas facilement accessible chez nous », souligne Mme MacDonald.

D’autres lois doivent être établies à l’échelle provinciale pour offrir la rente dynamique. Entre-temps, la Sun Life continue de recommander au gouvernement de rendre ce type de rente accessible à tous les travailleurs, peu importe leur type d’épargne-retraite.

« La Sun Life prévoit que la rente dynamique deviendra une option pour tous les gens à la retraite – qu’ils aient ou non un régime au travail – pour avoir un revenu de retraite à vie et dormir sur leurs deux oreilles », dit Eric Monteiro.